Un lieu, une histoire
De 1876 à 1974
1876 - Destiné au répertoire de Café-concert, le Théâtre des Bouffes du Nord, commandé par M. Chéret à l'architecte Louis-Marie Emile Leménil, est construit sur des fondations déjà existantes, supposées être celles d'une caserne dont le projet fut abandonné. La salle comporte 530 places réparties en un parterre, un rang de loges et une galerie.
1876 à 1885 - Une quinzaine de directeurs malchanceux se succèdent. Le théâtre, situé dans le quartier excentré de la Chapelle, en lisière des champs, mal éclairé et mal desservi, rebute les habitués des salles parisiennes. Quant au public de l'endroit, il n'est pas préparé à assister sagement à un spectacle. Il arrive que la police soit forcée de l'expulser tant il prend part avec passion aux événements qui se déroulent sur la scène.
1885 - Abel Ballet, metteur en scène qui sévit principalement dans les théâtres de quartier, rouvre les Bouffes du Nord. Il y monte de grandes fresques historiques et des mélodrames où Margot pleure à gros sanglots. Le spectacle commence à 7 heures le soir et fini souvent au-delà de minuit. Tout comme à Montparnasse, on apporte son fricot que l'on réchauffe sur le poêle commun et que l'on déguste à l'entracte, Cette année-là débute Yvette Guilbert dans La Reine Margot d'Alexandre Dumas.
1893 - Abel Ballet accueille Lugné-Poë qui, avec les comédiens du Théâtre de l’Œuvre, crée Rosmersholm et Un Ennemi du peuple de Ibsen, dans des décors dessinés et peints par Edouard Vuillard.
1896 - Abel Ballet quitte la direction des Bouffes du Nord. Les deux comédiens Emmanuel CIot et G. Dublay lui succèdent.
1904 - La salle, sous l'impulsion de ses directeurs, est entièrement restaurée, repeinte, et l'électricité y est installée. Comme pour lui donner ses lettres de noblesse, on rebaptise le théâtre "Théâtre Molière" et on fait appel à des auteurs tels que Henry Kistemaeckers, Georges Darien et Gaston Leroux.
Août 1914 - Le Théâtre Molière, comme tous les autres théâtres, ferme ses portes.
1917 - Déjà propriétaires de plusieurs scènes de variétés, Oscar Dufrenne et Henry Varna se portent acquéreurs des Bouffes du Nord qu'ils transforment en music-hall.
1923 - Oscar Dufrenne et Henry Varna se retirent. Henry Darcet leur succède et inscrit les Bouffes du Nord dans "Le Consortium des théâtres de quartiers". Réunis dans une même association, Les théâtres des Gobelins, de Grenelle, des Ternes, de Montrouge, des Bouffes du Nord, etc « font tourner des spectacles à succès, créés sur les boulevards. »
1929 à 1935 - Paul Le Danois et Charles Malincourt remplacent Henry Darcet qui prend la direction de la Scala, ils poursuivent comme ils peuvent la politique du Consortium. Décès Charles Malincourt, puis de Paul le Danois. Les Bouffes du Nord n'offrent alors plus que des spectacles épisodiques.
Mai 1945 - Comme pour fêter l'Armistice, un jeune metteur en scène, plein d'enthousiasme, Jean Serge, ouvre à nouveau le théâtre auquel il donne le nom de "Théâtre des Carrefours".
Septembre 1946 - Ne pouvant plus assumer financièrement la bonne marche du théâtre, Jean Serge se retire. René Marjolle, ex-chanteur de l'Opéra-Comique souhaite donner une vocation lyrique aux Bouffes du Nord, mais après une année difficile, lui aussi, abandonne.
Décembre 1950 - Charles Béai, ancien directeur du Théâtre de l'Humour, tente à son tour l'expérience. Il la réussit grâce à une reprise de Ces Dames aux chapeaux verts d'après le roman de Germaine Acremant, avec Alice Tissot et Armand Bernard. La pièce reste à l’affiche plus de trois mois. On se reprend à espérer...
Juin 1952 - Trop vieux, mal entretenu, le théâtre ne présente plus les normes de sécurité prescrites par la préfecture de Police et doit fermer ses portes.
Septembre 1969 - Le Théâtre est racheté par Narcisse Zecchinel, entrepreneur du bâtiment italien, empêchant ainsi qu’il soit démoli.
Excerpts from The Parisian Theatres by Geneviève Latour and Florence Claval, published by the Délégation à l'Action Artistique of the city of Paris.