Quatuor Zaïde

« Les ténèbres sont le futur de la lumière. Mais on ne peut être dans la lumière sans plonger avant dans les ténèbres ». C’est cette phrase d’Annick de Souzenelle, découverte par hasard au détour d’une lecture, qui nous donna l’idée du programme de notre huitième album.

Empreint d’une dualité permanente entre lumière et ténèbres, entre douceur et noirceur, entre vie et mort, le paradigme de Schubert s’exprime dans le quatuor « la jeune fille et la mort », comme dans « le roi des aulnes », d’une manière inattendue.

L’apparente douceur et légèreté que l’on perçoit dans ces deux œuvres semble être l’expression de la mort, séductrice et menant vers un au-delà qui apaise. Est-ce l’aveu d’un Schubert malade, tiraillé à la fin de son existence par la souffrance et l’envie malgré tout de vivre ? L’élan vital, lui, est matérialisé par une écriture musicale puissante et presque orchestrale, aux allures sombres et graves, où se mêlent force et colère. Si la fin du Roi des Aulnes (1815) donne à voir une victoire tragique et funeste de la mort, la coda du quatorzième quatuor (1824) verra, elle, triompher la vie.

Nous avons choisi de conclure ce disque avec un air de Fierrabras, opéra écrit en 1823, dans lequel le protagoniste chante ses impossibles amours, mélodie magnifique et typiquement schubertienne dont la mélancolie apparente est un chemin vers la lumière et la rédemption."

— QUATUOR ZAÏDE