Ahn Sook-Sun & Nam Sang-Il

Né en Corée à la fin du XVIIe siècle, le pansori est interprété par un artiste – le plus souvent une femme –, vêtu traditionnellement, à la coréenne, arpentant une large natte qui lui sert de plateau, racontant une histoire ou la chantant d’une voix gutturale, mimant les expressions de ses personnages et dessinant, des mouvements de son éventail, ses paysages et ses horizons. Il est accompagné par un joueur de tambour, assis non loin, qui lui donne le rythme et l’encourage, par intervalles, de ses exclamations. Des douze pansoris répertoriés au milieu du XIXe siècle, cinq se chantent encore et sont inscrits au patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’Unesco. L’un d’eux, Le Dit du palais sous les mers, met en scène des animaux. La satire sociale s’y laisse deviner : un Roi - Dragon malade d’avoir trop bu est, pour guérir, prêt à imposer à ses subordonnés n’importe quel sacrifice ; une Tortue, fonctionnaire loyal et dévoué ; un Lapin, qui ne survit qu’à travers les failles du système.
De ce pansori, Ahn Sook-Sun, formée auprès des plus grands maîtres et considérée comme l’une des interprètes exceptionnelles du genre, donne ici une version rare, à deux chanteurs (ipchechang), tantôt solistes, tantôt en duo, renforçant l’intensité du chant et la dimension ludique du récit ; ils sont accompagnés par le gosu, joueur de soribuk, tambour barrique réservé au pansori.

Sugungga : Le Dit du palais sous les mers
Pansori : Version ipchechang à deux chanteurs